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Case report

Kyste hydatique pelvien primitif, une localisation inhabituelle: à propos d´un cas

Kyste hydatique pelvien primitif, une localisation inhabituelle: à propos d´un cas

Unusual location of primary pelvic hydatitic cyst: case report

Moad Belouad1,&, Abdelhamid Benlghazi1, Mohammed Allaoui1, Saad Benali1, Yassine Bouhtouri1, Hamza Messaoudi1, Mehdi Elhassani1, Abdellah Baba Habib1, Jaouad Kouach1

 

1Service Gynécologie-Obstétrique, Hôpital Militaire d'Instruction Med V, Rabat, Maroc, 2Service Service d'Anatomie Pathologique Hopital Militaire d´Instruction Med V, Rabat, Maroc

 

 

&Auteur correspondant
Moad Belouad, Service Gynécologie-Obstétrique, Hôpital Militaire d'Instruction Med V, Rabat, Maroc

 

 

Résumé

La localisation du kyste hydatique au niveau du pelvis comme une localisation primitive est très rare chez la femme, avec une symptomatologie clinique déconcertante. Le diagnostic préopératoire de l´hydatidose pelvienne est parfois difficile, et il doit être évoqué devant toute masse occupante le pelvis, surtout dans un pays d´endémie. Nous rapportons l´observation d´une patiente âgée de 60 ans admise pour douleur pelvienne chronique. L´échographie a permis de localiser une masse anéchogène cloisonnée retro-utérine. Le diagnostic de kyste hydatique du pelvis a été posé en peropératoire. Le traitement a été basé sur une kystectomie. L´évolution était favorable sans autre localisation.


Primary pelvic hydatid cyst is very rare in women, with disconcerting clinical symptoms. Preoperative diagnosis is sometimes difficult, and should be suspected in patients with pelvic mass, especially in endemic countries. We here report the case of a 60-year-old female patient admitted with chronic pelvic pain. Ultrasound showed rectouterine anechoic mass with septations. The diagnosis of hydatitic pelvic cyst was made in the intraoperative period. Treatment was based on cystectomy. Patient's outcome was favorable without other involvement.

Key words: Hydatid disease, pelvis, surgery, case report

 

 

Introduction    Down

L´hydatidose est une maladie due au développement dans l´organisme de l´homme de la forme larvaire d´un petit taenia du chien: Echinococcus (E.) granulosus [1]. Le Maroc, pays d´élevage traditionnel, reste parmi les pays les plus infestés par l' Echinococcose granulosus. On note une nette prédominance de l'atteinte hépatique et pulmonaire, mais le kyste peut toucher tous les organes [2]. Les kystes hydatiques à localisation pelvigénitale chez la femme restent rares et trompeurs avec fréquence varie de 0,3 à 4,27% des localisations hydatiques [3]. Le diagnostic basé sur les examens sérologiques et radiologiques est parfois délicat. Nous rapportons le cas exceptionnel d´un kyste hydatique pelvien primitif chez une femme de 60 ans en raison d´un tableau clinique suggérant une masse ovarienne.

 

 

Patient et observation Up    Down

Information du patient: femme âgée de 60 ans, G5P4, ménopausée depuis 16 ans avec antécédents. Personnelles d´hypertension artérielle sous Amlodepine, césarisée deux fois, pas de néoplasie dans la famille. La patiente consulte pour une douleur pelvienne chronique qui remonte à 06 mois à type de pesanteur, d´aggravation progressive, sans troubles digestifs et avec une conservation de l´état général.

 

Résultats cliniques: la patiente était stable sur le plan hémodynamique. L'examen physique trouvait au toucher vaginal associer au toucher rectal une masse retro utérine au niveau de douglas, mesurant environ 06 cm de diamètre, indolore, de mobilité limitée, bien limitée avec une consistance ferme.

 

Démarche diagnostique: la patiente a bénéficié d'une échographie qui a objectivé une image kystique latéro-utérine droite, mesurant 6 cm, à paroi épaisse. Avec un contenu hétérogène et des végétations et des cloisons intrakystiques, sans végétations exokystiques et sans d'épanchement péritonéal (Figure 1).

 

intervention thérapeutique, résultats et suivi: le patient a bénéficiée d´une exploration chirurgicale par cœlioscopie qui a trouvé un kyste pelvien de 05cm de diamètre, au niveau de douglas, avec une coque solidaire au rectum et a l'utérus. L´exploration péritonéale à la recherche d´une autre localisation était négative (Figure 2, Figure 3 ). L´intervention chirurgicale est réalisée avec toutes les mesures de protection pour éviter une dissémination secondaire. Une kystectomie partielle était réalisée après conversion en minilaparotomie. L´étude anatomopathologique a confirmé le diagnostic de kyste hydatique. Les suites postopératoires sont simples (Figure 4). La patiente a bénéficié par la suite d´une TDM thoraco-abdomino-pelvien qui n´a pas objectivée de localisations secondaires, avec un suivi régulier en consultation avec un recul d'un an sans récidive locale ou péritonéale, et était mise sous Albendazole.

 

Consentement éclairé: la patiente a donné son consentement éclairé et libre pour la rédaction et la publication de ce manuscrit.

 

 

Discussion Up    Down

L´hydatidose pelvienne est rare, elle est due à une contamination par voie hématogène, évoquant une rupture du filtre pulmonaire ou hépatique par le parasite pour accéder à la grande circulation [3]. Néanmoins, des kystes hydatiques pelviens primitifs ont été rapportés, comme dans notre cas, Surtout si la recherche radiologique a permet l'élimination d´autres localisation hépatique, pulmonaire, ou splénique [4]. Le diagnostic d'hydatidose du pelvis est posé exceptionnellement en préopératoire car l'hydatidose est une infection peu fréquente et déroutante. La patiente le plus souvent consulte pour des douleurs pelviennes qui révèlent la présence une masse abdominopelvienne et parfois pour des signes de compression des organes de voisinages. Rarement, l'hydatidose peut être responsable de certaines complications qui peuvent être aiguës à savoir la rétention aiguë d'urine ou totalement anurie par compression bilatérale des uretères. La symptomatologie est très floue et source de confusion, comme des métrorragies. Le diagnostic peut être établi de manière fortuite lors d'une césarienne ou d'une grossesse compliquée par une hémorragie de la délivrance ou un travail dystocique [1]. Le tableau clinique est très polymorphe, généralement on trouve pas des signes précis d'où l'intérêt qu'il faut accorder en premier lieu à l'interrogatoire puis aux examens paracliniques. Comme toute masse abdominopelvienne La tomodensitométrie et l´échographie contribuent à la démarche diagnostique et les représentations échographiques du kyste hydatique du pelvis sont les mêmes que celles concernant le foie décrit par Gharbi et Coll [5] qui ont classé les images en cinq types: type I: collection liquidienne bien limitée; type II: collection liquidienne avec dédoublement de la paroi; type III: collection liquidienne multivésiculaire; type IV: masse de structure echographique hétérogène, à double composante liquide ou solide, et qui pose le problème du diagnostic différentiel comme ce qui était le cas dans notre observation; type V: kyste calcifié.

 

Le diagnostic différentiel est posé devant toutes les masses mixtes ou kystiques rétropéritonéales (kystes dermoïdes), les abcès tuberculeux ou les abcès à pyogènes. Chez la femme, Le type I peut se confondre avec un hydrosalpinx ou un simple kyste ovarien, les types IV et V sont difficilement distinguables d´un fibrome utérin type ou 7 de la classification FIGO ou d´une tumeur ovarienne. L'imagerie par résonance magnétique permettra, en cas de besoin, de réaliser un diagnostic différentiel avec des tumeurs vestigiales rétro rectales, osseuses ou nerveuses [6]. Dans les localisations extra-hépatiques, la biologie et notamment la serologie hydatique n´est pas toujours sensible (30 à 70%) mais peut orienter le diagnostic. L'hyper-éosinophilie est indicatrice d'hydatidose dans 33 à 53% des cas [1]. Le traitement des kystes hydatiques pelviens est en premier lieu chirurgical et repose sur l'injection d'une solution scolicide intra-kystique, puis sur le vidage du contenu kystique après avoir protégé le champ opératoire par des champs imbibés de la solution scolicide. La principale technique est la cysto-péricystectomie totale ou partielle, qui consiste à réséquer le plus possible le kyste et en préservant les régions en relation avec les zones à risque telles que le tube digestif les vaisseaux ou les uretères, comme ce fut le cas pour notre patiente où le kyste était en contact avec le rectum [4,7]. La recherche d´autres localisations est obligatoire notamment l´abdomen et surtout le fois. Un traitement médical postopératoire avec des agents antiparasitaires pendant plusieurs mois pour éviter les récidives a été recommandé par plusieurs équipes notament l´albendazole [8]. La surveillance postopératoire est indispensable pour déceler le plus rapidement possible une possible récidive et se base sur des examens cliniques, immunologiques et l'imagerie.

 

 

Conclusion Up    Down

La localisation primaire du kyste hydatique dans le pelvis est rare, sa sémiologie clinique déconcertante fait que le diagnostic est dans la plupart du temps posé tardivement. Le diagnostic doit être évoqué devant tout processus qui occupe le pelvis, surtout dans les régions endémiques, son traitement est essentiellement chirurgical et consiste en une cysto-périkystectomie qui peut être partielle en cas d´atteinte des organes de voisinage ou totale.

 

 

Conflits d'intérêts Up    Down

Les auteurs ne déclarent pas de conflits d'intérêts.

 

 

Contributions des auteurs Up    Down

Tous les auteurs ont contribué à la rédaction et à l'édition de l'article. Tous les auteurs ont lu et approuvé la version finalisée du manuscrit.

 

 

Figures Up    Down

Figure 1: aspect échographique d´une image kystique latéro-utérine droite, mesurant 6 cm, à paroi épaisse et contenu hétérogène avec des végétations et des cloisons intrakystiques

Figure 2: vue cœlioscopie de la masse rétro utérine adhérente a la paroi de rectum

Figure 3: vue coelioscopique de la masse rétro adhérente a la paroi utérine rectum

Figure 4: coupe histologique de kyste hydatique

 

 

Références Up    Down

  1. Boukaidi ML, Bouhya S, Soummani A, Hermas S, Bennan O, Sefrioui O et al. Kystes hydatiques pelviens: à propos de huit cas. Gynécologie Obstétrique & Fertilité. 2001;29(5):354-7. PubMed | Google Scholar

  2. Bouihi J, Moustaide H, Amrani B, Mimouni A. Primary pelvic hydatid cyst: about a case. The Pan African Medical Journal. 2016;25:239. PubMed | Google Scholar

  3. Abi F, El Fares F, Khaiz D, Bouzidi A. Unusual localizations of hydatid cysts. apropos of 40 cases. Journal de Chirurgie. 1989;126(5):307-12. PubMed | Google Scholar

  4. Elfazazi H, Kouach J, Babahabib A, Oukabli M, Hafidi M, Salek G et al. Kyste hydatique primitif pelvien. Imagerie de la Femme. 2010;20(2):107-10. Google Scholar

  5. Gharbi HA, Hassine W, Brauner M, Dupuch K. Ultrasound examination of the hydatic liver. Radiology. 1981;139(2):459-63. PubMed | Google Scholar

  6. Koodziejski L, Dyczek S, Pogodzinski M. Prise en charge chirurgicale des tumeurs rétrorectales. Journal de Chirurgie. 2004;141(2):109-13. PubMed | Google Scholar

  7. Angulo Jc, Granell J, Muguerza J, Sanchez-Chapado M. Primary bilateral hydatidosis of the psoas muscle. The Journal of urology. 1999;161(5):1557-8. PubMed | Google Scholar

  8. Lapierre J. Traitement médical de l´échinococcose. Conc Med. 1990;11:927-8.