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Case report

Choroïtide pseudo-serpigineuse d'origine tuberculeuse: à propos d'un cas

Choroïtide pseudo-serpigineuse d'origine tuberculeuse: à propos d'un cas

Serpiginous like choroiditis of tuberculous origin: about a case

Abdi Rhizlane1,&, Siham Chariba1, Asmae Maadan1, Rachid Sekhsoukh1

 

1Abdi Rhizlane, Centre Hospitalier Universitaire Mohammed VI Oujda, Oujda, Morocco

 

 

&Auteur correspondant
Abdi Rhizlane, Centre Hospitalier Universitaire Mohammed VI Oujda, Oujda, Morocco

 

 

Résumé

Les manifestations oculaires de la tuberculose sont très polymorphes. La Choroïtide pseudo-serpigineuse est une forme clinique rare de la maladie. Il faut penser à l'origine tuberculeuse de l'atteinte oculaire devant une choroïdite multifocale serpigineuse surtout dans les pays endémiques de la . Nous rapportons le cas d'une patiente qui présente une Choroïtide pseudo-serpigineuse dont le diagnostic étiologique était en faveur de la tuberculose. Le traitement antituberculeux a été recommandé en association avec les corticoïdes, l'évolution a été marquée par une stabilisation des lésions et une amélioration discrète de l'acuité visuelle.


The ocular manifestations of tuberculosis are very polymorphous. Pseudo-serpiginous choroiditis like is a rare clinical form of disease. It is necessary to think about the tuberculous origin of the ocular attack in front of a multifocal choroiditis serpiginous especially of the endemic countries of tuberculous. We report the case of a patient who pesents a choroidite pseudo-serpiginous like whose etiological diagnosis was in favor of tuberculosis. Antituberculosis treatment has been recommended in combination with corticosteroids, the evolution was marked by a stabilization of the lesions and a discreet improvement of the visual acuity.

Key words: Choroiditis, pseudo-serpiginous like, tuberculosis

 

 

Introduction    Down

La choroïdite pseudo-serpigineuse serpigineuse est une affection grave située au fond d'œil et qui atteint des adultes d'âge moyen (autant d'hommes que de femmes). Elle se nomme aussi choroïdopathie géographique hélicoïdale péripapillaire [1]. Cette maladie est rare, chronique, progressive et bilatérale, prédominant sur un œil. Elle va altérer progressivement la chorio-capillaire, l'épithélium pigmentaire et la rétine neuro-sensorielle, donnant une acuité visuelle souvent très basse. La maladie de nature inflammatoire semble en rapport avec une ischémie choroidienne localisée d'origine immunitaire. Les lésions se développent typiquement près du nerf optique et s´étendent lors des récurrences, de façon irrégulière, d´où le nom de serpigineuse. Les épisodes inflammatoires laissent en place une cicatrice choriorétinienne.

 

 

Patient et observation Up    Down

Il s´agit d´une patiente âgée de 48 ans vaccinée, ayant comme antécédent une mère traitée pour tuberculose pulmonaire. Qui consulte pour baisse d´acuité visuelle progressive de l'œil droit et des métamorphopsies; l'examen ophtalmologique: acuité visuelle OD compte les doigts de près OG: 7/10; tonus oculaire a 12 mm de Hg ODG. Examen à la lampe à fente ODG : chambre antérieure calme, cataracte sous capsulaire peu dense. FO: OD: lésions choriorétiniennes atrophiques pigmentées, débutant au niveau de la papille s'étendant vers la macula (Figure 1). OG: normal. Angiographie: OD: aux temps précoces et tardifs, un effet masque de l´atteinte choriorétinienne associé à un liseré hyperflurescent entourant les lésions (Figure 2). Oct maculaire OD: dépression fovéolaire présente. Zone d´hyper - reflectivité para fovéolaire en inter-papillomaculaire d´allure cicatricielle (Figure 3). Une recherche d´infection tuberculeuse a été faite: radio thorax revenue normale 3BK crachats négatifs IDR à la tuberculine + phlycténulaire, quantiféron + le diagnostic de choriorétinite pseudo-serpigineuse d'origine tuberculeuse a été retenu en se basant sur un faisceau d'arguments cliniques et paracliniques: (notion décomptage tuberculeux, IDR et quantiféran +) et le traitement par antibacillaire a été démarré associé à la corticothérapie.

 

 

Discussion Up    Down

La choroidopathie pseudo-serpigineuse est une maladie chronique récurrente, qui commence typiquement dans la zone juxtapapillaire comme une ou plusieurs zones de décoloration blanche gris&;tre qui est souvent en continuité avec une zone de l'épithélium pigmentaire (RPE) et une atophie choroïdienne qui entoure tout ou une partie du disque optique. Au bout de quelques semaines, les lésions grises deviennent pâles et atrophiques, tandis que le bord actif avance davantage vers les zones adjacentes et, finalement, le fond d'œil montre de multiples zones d'atrophie choriorétinienne en forme de puzzle [2]. La choroïtide pseudo-serpigineuse est une pathologie rare représentant moins de 5% des uvéites postérieures. La maladie a tendance à affecter les adultes jeunes et en bas âge, la plupart des études signalant une prévalence plus élevée chez les hommes que chez les femmes [3]. Il n'y a pas de prédilection raciale. Bien que d'étiologie inconnue, son origine est probablement immunogène car il semble répondre au traitement par corticoïdes et autres immunosuppresseurs. De plus, les patients atteints présentent également une fréquence accrue des associations HLA-B7 et S-antigène rétinien. D'autres mécanismes pathogènes ont été proposés et plusieurs auteurs relient la choroïtide pseudos-erpigineuse à des agents infectieux comme Mycobacterium tuberculosis et les virus de l'herpès mais cela reste à prouver [4]. Une étude récente, ayant montré la multiplication de mycobactéries au sein de l'épithélium pigmentaire rétinien qui servirait de réservoir pour l'agent pathogène [4].

 

Par ailleurs, plusieurs auteurs considèrent que la réaction inflammatoire secondaire à l'infection tuberculeuse est due essentiellement à une réaction d'hypersensibilité contre les antigènes mycobactériens. L'angiographie à la fluorescéine et au vert d'indocyanine peut être utile dans l'évaluation de l'étendue et de l'activité des lésions. L'analyse des clichés aux temps précoces montre une hypo fluorescence des lésions actives, suivie d'une hyper fluorescence tardive de façon centripète. Les lésions cicatricielles peuvent être hypo fluorescentes. Les clichés aux temps précoces et moyens montrent un liseré continu hyper fluorescent qui borde l'ensemble du territoire cicatriciel [5]. L'angiographie au vert d'indocyanine est plus précise que l'angiographie rétinienne à la fluorescéine dans l'évaluation de l'étendue des lésions. Les lésions se caractérisent par des zones d'hypo fluorescence sur les temps précoces et les temps tardifs, qui peuvent être étendues au-delà des lésions observables en angiographie à la fluorescéine et en auto fluorescence [5]. La tomographie en cohérence optique détermine très précocement l'extension des lésions, et objective la présence ou non d'œdème maculaire. Le traitement d'uvéite tuberculeuse est basé sur l'association antituberculeux et corticoïdes. L'évolution conduit à une cicatrisation en 2 à 7 semaines avec de possibles poussées épisodiques. La survenue d'une poussée est caractérisée par le signe de Jean Antoine Bernard, qui est la disparition du liseré fluorescent au niveau de la récidive.[6]. La survenue de néovaisseaux choroïdiens peut aggraver un tableau clinique déjà sévère à cause de la baisse importante de la vision [6].

 

 

Conclusion Up    Down

La choroïdite pseudo-serpigineuse est une manifestation rare de la tuberculose intraoculaire. Elle survient le plus souvent dans le cadre d'une tuberculose présumée ou latente dont la difficulté réside dans la mise en évidence de mycobactéries en intraoculaire. Les patients souffrant de choroïtide pseudo-serpigineuse nécessitent un suivi long et régulier afin de guetter les récurrences et la néovascularisation choroidienne.

 

 

Conflits d'intérêts Up    Down

Les auteurs ne déclarent aucun conflit d´intérêts.

 

 

Contributions des auteurs Up    Down

Tous les auteurs ont lu et approuvé la version finale du manuscrit.

 

 

Figures Up    Down

Figure 1: aspect du fond d´œil: lésions choriorétiniennes atrophiques pigmentées, débutant au niveau de la papille s'étendant vers la macula

Figure 2: angiographie à la fluorescéine montrant au niveau de l'OD: aux temps précoces et tardifs, un effet masque de l´atteinte chorio-retinienne associé a un liseré hyperflurescent entourant les lésions

Figure 3: oct maculaire OD: zone d´hyper - réflectivité para fovéolaire en inter-papillomaculaire d´allure cicatricielle

 

 

Références Up    Down

  1. Becquet F, Cohen SY, Coscas G. Choroïdite serpigineuse. J Fr Ophtalmol. 1992;15(4):288-98. PubMed | Google Scholar

  2. Gass, JDM. Inflammatory diseases of the retina and choroid. In: Stereoscopic atlas of macular diseases: diagnosis and treatment 4th ed St Louis: CV Mosby. 1997;158-165.

  3. Bouchenaki N, Cimino L, Auer C. Assessment and classification of choroidal vasculitis in posterior uveitis using indocyaninegreenangiography. KlinMonatsblAugenheilkd. 2002;219(4):243-9. PubMed | Google Scholar

  4. Chang JH, Wakefield D. Uveitis: a global perspective. Ocul Immunol Inflamm. 2002;10(4):263-279. PubMed | Google Scholar

  5. Bouchenaki N, Cimino L, Auer C, Tao Tran V, Herbort CP. Assessment and classification of choroidal vasculitis in posterior uveitis using indocyanine green angiography. Klin Monbl Augenheilkd. 2002; 219(4): 243-249. PubMed | Google Scholar

  6. Wu JS, Lewis H, Fine SL, Grover DA, Green WR. Clinicopathologic findings in a patient with serpiginous choroiditis and treated choroidal neovascularization. Retina. 1989;9(4):292-301. PubMed | Google Scholar